Le château ferme de Frizet et sa grange.
Blotti à mi- pente du vallon de Vedrin, le château-ferme de Frizet domine l’église Saint-Martin : l’histoire retiendra que c’est Frizet qui sera la toute première paroisse namuroise. Siège d’un atelier monétaire sous Charles-le-chauve (869-875), Frizet était au cœur d’un domaine royal carolingien. Le château a appartenu à la famille « de Dave » dont on retrouve l’écusson, accompagné du « bâton de bâtardise » que représente en haut la barrette horizontale avec trois dents verticales.
Frizet devint une seigneurie hautaine en 1626 et fut acquise vers cette date par Jean de Pinchart.
On y trouve à l’arrière, des latrines suspendues ainsi que des traces d’archères. L’ensemble aurait été entouré de douves sèches selon Jean Plumier, archéologue.
La famille Pinchart a transformé le château-fort en la ferme actuelle, en particulier avec la grange dont on peut voir la clé de voûte portant le millésime 1699.
Cette grange a traversé les siècles, présentant une ou l’autre lézarde fort stable. Mais en 2012, ces fissurations se sont majorées de manière exponentielle, s’élargissant, les pierres de l’arc en plein cintre de la porte se fissurant l’une après l’autre. Le bâtiment s’affaissait et allait tomber.
Qu’elle était l’origine de problème ? Les avis divergeaient sur la cause, mais surtout sur la solution : certains proposaient une armature interne en béton armé fixée à la structure existante, d’autres un contrefort en béton recouvert secondairement de pierres…
Mr Jacques de Pierpont, conseillé par Mr Jean Plumier, archéologue, passa de nombreuses heures à analyser le bâtiment pour conclure que la dégradation récente était la conséquence d’une « poche de mou », ou zone de résistance très faible à l’angle du bâtiment. Ce coin s’enfonce et bascule, et tout suit, et va finalement s’écrouler.
Il a fallu « soutenir le bâtiment » pour pouvoir creuser sous le coin et constater que cette grange datée 1699 était construite sur les fondations d’une structure plus courte de 2 mètres, et que les bâtisseurs avaient négligé de prévoir des fondations. 15 cm sous le coin de la grange, on ne trouvait que du sable.
C’est Mr Pierrick Goffin, compagnon bâtisseur, qui a réalisé tous les travaux avec son équipe : couler en sous-œuvre des plots de béton, pour traiter la cause, puis reconstruire l’arcade, en remplaçant les pierres cassées, stabiliser l’œuvre, renourrir en chaux toutes les fissures qui s’étaient ouvertes. Et finalement, sabler l’édifice qui a retrouvé toute sa splendeur.