Situation actuelle
Trois ans après les premières réalisations de sauvegarde, force est de constater que l’on est bien loin d’avoir rempli le programme adopté en avril 2002 par l’I.P.W. d’assurer la consolidation et la mise en valeur des ruines. Un relevé des montants déboursés pour l’ensemble des travaux renseignés ci-dessus (subsidiés, bénévoles, etc.), tous confondus, donne un total estimé de 27.179 € (soit plus d’un million d’anciens francs belges). Ces dépenses risquent néanmoins d’avoir été consenties en pure perte, car il n’y a plus eu d’autres chantiers depuis ; de sorte que la dégradation du monument se poursuit et prend de vitesse les maigres travaux de maintenance réalisés.
Le premier des problèmes rencontrés par les bonnes volontés locales réside bien entendu dans le financement. Quelques pistes peuvent pourtant être envisagées. Ainsi, dans un courrier des lecteurs du quotidien Vers l’Avenir du 20 octobre 2001, M. Comps signale les biens de la fondation Rase, après la fermeture de son église (…) échus au CPAS de Namur [suite à la fusion des communes en 1976]. Par ailleurs, une partie des terres labourables de Martin Rase furent expropriées lors de la construction de l’autoroute de Wallonie. Le mensuel de la Ville de Namur Namur-Magazine n’écrivait-il pas à ce propos en janvier 1995 : C’est donc d’une coquette somme qu’hérita le CPAS. La dépense prévue par le service de la Culture était largement compensée par les ressources provenant de Frizet ?68 Un peu plus loin, ce même magazine soulignait par ailleurs que Saint-Martin n’a malheureusement pas bénéficié des mêmes soins que la chapelle d’Hastimoulin et est actuellement en ruines. À la demande de l’a.s.b.l. la Fondation Roi Baudouin a également ouvert un « compte de projet », pour les années 2004-2006 au profit des travaux de maintenance de l’ancienne église Saint-Martin en vue de sa sauvegarde. Mais il est évident que ce compte ne sera alimenté que si des donateurs bénévoles s’y intéressent… Une autre problématique d’envergure à laquelle se heurtent souvent les bonnes volontés intéressées par un sauvetage des ruines de Saint-Martin est la question de la propriété de ce monument.
Comme nous l’avons vu, lors de l’abandon du sanctuaire de Frizet, la propriété de celui-ci est passée de facto à la fabrique d’église de Saint-Marc, puisque celui-ci prenait la succession de la fabrique de Frizet. Mais la situation n’est pas aussi simple qu’elle paraît à première vue, car il existait des accords antérieurs, dont le cadastre semble avoir tenu compte. En effet, le 14 février 1846, par devant notaire, les bourgmestres de Vedrin et de Saint-Marc, respectivement C. de Montpellier et F. del Marmol, accompagnés de fabriciens et d’échevins, arrêtent que la propriété de l’église de Frizet reste en commun entre les fabriques de Vedrin et de Frizet-Saint Marc. Le 12 mai 1914, une lettre du Gouverneur de la Province de Namur adressée au Ministre de la Justice, mentionne qu’en vertu de la jurisprudence actuelle de la cour de cassation, cet édifice qui est de beaucoup antérieur à la révolution française, est une propriété communale. D’après le cadastre, seul le porche d’entrée se trouve sur le territoire de la commune de Saint-Marc, le reste de l’immeuble est sur le territoire de la commune de Vedrin. Néanmoins, la commune de Saint-Marc revendique la propriété de l’édifice tout entier.
Le 14 novembre 2001, l’administration du cadastre renseigne l’immeuble « église de Frizet » à cheval sur deux parcelles : soit la n° 46a de 80 Ca. (Située sur Saint-Marc et appartenant à la Ville de Namur) et la n° 218b de 399 Ca. (Située sur Vedrin et appartenant, pour parties, aux fabriques d’église de Vedrin et de Saint-Marc). Les archives de la Ville de Namur possèdent les mêmes informations.
La fabrique d’église de Vedrin-centre, très engagée dans les démarches de rénovation de l’édifice, désirant éclaircir cette situation pour le moins ambiguë, et l’I.P.W. estimant que le regroupement de l’immeuble sur un seul propriétaire constituerait une facilité supplémentaire pour la réalisation de l’objectif commun, M. Comps, président du conseil de la fabrique d’église de Vedrin, rassemble, en 2003, une documentation établissant que l’édifice est propriété exclusive de la Ville de Namur. Il adresse donc le dossier à cette dernière. Les éléments les plus importants cités lors de cette recherche sont : un arrêt de la Cour de Cassation du 11 novembre 1886 décrétant que les églises paroissiales mises à la dispo sition du clergé par la loi du 18 Germinal an X, font partie du domaine public communal ; la lettre du 12 mai 1914 du Gouverneur de la Province de Namur (dont extrait ci-avant) mentionnant : Cet édifice est une propriété communale ; l’arrêté royal du 24 décembre 1958 sur le classement de l’église de Frizet, déclarant l’ancienne église de Frizet, située sur le territoire des communes de Vedrin et de Saint-Marc […), propriété de celles-ci. Suite à la fusion des communes, cette propriété revenait bien à la Ville de Namur. Par lettre du 1er octobre 2003, l’échevin du Patrimoine de la Ville de Namur, J.-L. Close, marque son accord sur la conclusion de cette recherche et déclare : « La question de l’unicité de propriété [des ruines] étant réglée, la procédure concertée avec l’Institut du Patrimoine Wallon peut se poursuivre avec l’établissement d’une esquisse et d’une estimation de la protection des ruines. Douze jours plus tard, une lettre de l’Administration du Cadastre confirme que les documents cadastraux seront régularisés au 1er janvier 2004, en portant le bien en question à l’article 265 ouvert au nom du « Domaine de la Ville de Namur ». »
Dans le but de relancer les procédures en vue de la poursuite des travaux de sauvetage, l’I.P.W. procède, en avril 2005, à un relevé des tâches urgentes, destiné à la réalisation d’une estimation qui sera remise au propriétaire unique maintenant clairement identifié.
Extrait de l’article « L’EGLISE SAINT-MARTIN DE FRIZET » par André GHEUR (ancien membre fondateur des l’a.s.b.l.), paru dans « Le Guetteur Wallon » N°1 – 2006