À ce titre, elle accueillait les paroissiens de tous les hameaux environnants à l’occasion des grandes fêtes chrétiennes et pour l’administration des principaux sacrements. Ce n’est qu’à l’extrême fin du XIXe siècle que la paroisse fut complètement démembrée. Dès la fin du XVIIe siècle, on constate que des baptêmes et des mariages sont célébrés dans des chapelles érigées au cœur de noyaux d’habitats éloignés (on en connaît à Champion et Warisoulx) et desservies par des vicaires dépendants du curé résidant de Frizet. Au XVIIIe siècle, la population des hameaux excentriques augmentant, certains paroissiens rechignent à faire la route jusque Saint-Martin.
En 1782 Les habitants de Cognelée Envoient une pétition à l’archiprêtre pour obtenir un prêtre attaché à la chapelle du hameau, ce qui leur éviterait le long déplacement et la dangereuse descente de Frizet pour se rendre aux offices à Saint-Martin. L’idée de décentraliser la paroisse en créant des églises au centre des hameaux populeux lointains est lancée. Un siècle lui sera nécessaire pour aboutir. Le démembrement progressif de la paroisse s’effectuera par la création de paroisses autonomes et l’édification de nouvelles églises au sein des hameaux : à Warisoulx en 1843, à Vedrin en 1845, à Champion en 1846, à Daussoulx en 1878 et à Cognelée en 1896. Mais un avenir plus sombre encore attend le lieu de culte de Frizet. Au cours de sa séance du premier dimanche de juillet 1892, le conseil de fabrique de Frizet décide de construire une église sur le territoire de Saint-Marc (décision concrétisée par l’arrêté royal du 18 Mars 1897). Cet acte programme à terme l’abandon définitif de l’église Saint-Martin à Frizet et de son presbytère. Le 12 janvier 1900, l’aliénation [l’abandon] du presbytère de la commune de Saint-Marc est autorisée. En septembre et octobre 1900, les enfants des écoles aident au déménagement de l’église de Frizet à Saint-Marc : ils transportent les chaises, les candélabres, les livres, etc. et l’église-mère de Saint- Martin à Frizet est abandonnée.
Lors de sa réunion du 17 février 1895, le même conseil de fabrique avait émis le vœu que l’église de Frizet soit conservée car, disait-il, il serait pénible de voir disparaître cette église à laquelle se rattachent tant de souvenirs. C’est pourtant ce qui advient bientôt. Dans son l’édition du 15 mai 1920, le journal Vers l’Avenir reproduit la lettre d’un lecteur qui stigmatise la situation de l’église Saint-Martin : « Je viens vous inviter à venir pleurer avec moi sur un vieux monument de notre chère province ! Messieurs, la vieille église de Frizet tombe en ruine. Venez vite la voir avant qu’elle disparaisse complètement. Venez regretter avec moi l’effondrement de ce petit bijou qu’est le choeur de cette vieille église paroissiale ».
Que s’est-il passé ? Déjà dans une lettre du 12 mai 1914, le gouverneur de la Province informait le Ministre de la Justice que le Collège provincial estimait que le délabrement est tel que la restauration entraînerait des conséquences financières considérables d’utilité très contestable [et] en présence du refus de la commune de Saint-Marc de remettre cet édifice en état de servir au culte, il semble inutile de poursuivre l’instruction de la demande en érection [introduite par] M. l’Evêque diocésain. Durant la Première Guerre mondiale, l’église eut ses matériaux enlevés et dispersés […). Si bien qu’à l’issue de celle-ci elle ne représentait plus que ruines.
Pour éviter la disparition totale du sanctuaire, l’évêque de Namur, Mgr. Heylen, invite le 4 mai 1920 le conseil de fabrique de Saint-Marc à délibérer d’urgence sur l’érection en annexe de l’ancienne église de Frizet.
Extrait de l’article « L’EGLISE SAINT-MARTIN DE FRIZET » par André GHEUR (ancien membre fondateur des l’a.s.b.l.), paru dans « Le Guetteur Wallon » N°1 – 2006