L’après-Seconde Guerre mondiale commence plutôt bien pour l’église ; par arrêté royal du 24 décembre 1958, le Ministère de l’Instruction Publique (dont dépendait l’administration des Beaux-Arts et des Lettres) classe, en raison de sa valeur artistique […), l’ancienne église désaffectée de Frizet.
Mais rien n’est fait pour la protection des vestiges des ruines gothiques. Les dégradations naturelles, le vandalisme et les pillages continuent donc. Le 11 octobre 1975, quelques habitants de Vedrin et Saint-Marc, sensibilisés par la nécessité de sauvegarder ce patri moine afin d’entretenir la mémoire régionale et d’illustrer l’instruction des générations futures, avec à leur tête feu Michel Rozet, créent l’a.s.b.l. « Les Amis de Frizet ». Celle-ci a pour objet social de promouvoir l’intérêt de la population pour une restauration par les pouvoirs publics (…) de l’édifice dénommé «Ancienne église de Frizet ».
Malgré de nombreuses démarches, le projet ne peut aboutir. L’échec de la décision du Conseil échevinal de la Ville de Namur du 4 décembre 1978 de procéder dans l’immédiat à des travaux confortatifs indispensables, les nombreuses demandes avortées, les importants dégâts causés par « SOS fouilles » en 1980 (dégâts qu’il a été impossible de faire réparer à l’époque), le manque d’intérêt et de volonté des autorités, etc. découragent ces bonnes volontés, et le 20 octobre 1982, de guerre lasse, l’association se met en état de veille.
Heureusement, l’extrême-fin du XXe siècle voit quelques changements substantiels, à savoir : l’adoption par le Parlement Wallon du « décret relatif à la conservation et à la protection du patrimoine » (1er avril 1999), suivi de la création de l’Institut du Patrimoine Wallon (1er juillet 1999), et la mise en service du « RAVeL 2 », qui permet à Frizet et son église d’être régulièrement cités dans les médias. Ces faits réveillent quelques énergies et, au début de 2002, l’a.s.b.l. « Les Amis de Frizet » se reconstitue. L’idée, de sauvegarder ce qui peut encore l’être, est relancée, en collaboration avec l’I.P.W.
La première mesure prise par ce dernier, est d’inscrire, en mars 2001, l’église Saint-Martin sur la liste des « biens classés » confiés en priorité à ses interventions ; ce qui la place dans le peloton des douze rénovations et sauvetages prioritaires en province de Namur. Dès le mois d’avril 2002, grâce à un ensemble d’organismes, un début de sauvetage des ruines se met en place et deux phases de restauration sont proposées : premièrement, une phase de maintenance destinée à sécuriser certaines parties de l’édifice, de manière à stabiliser la situation ; et deuxièmement, la consolidation et la mise en valeur des ruines.
Vu l’urgence, des travaux d’élimination de la végétation présente à l’intérieur de l’église sont réalisés par des bénévoles de l’a.s.b.l. et par le Service des Fouilles et d’Archéologie de la Région Wallonne. Pour la même raison, ce service prend à sa charge, en juillet 2002, la pose d’un étançonnement contre le chœur de l’édifice – la partie la plus intéressante de celui-ci étant menacée d’effondrement. Une demande de « certificat de patrimoine » est introduite par la fabrique d’église de Vedrin, tandis que sur proposition de l’I.P.W., la rédaction d’un descriptif des travaux permet l’exécution d’une première phase de travaux de maintenance, qui est réalisée conjointe ment par le Service de Maintenance de l’Administration du Patrimoine et des stagiaires du Centre de Perfectionnement aux Métiers du Patrimoine de la Paix-Dieu.
Les travaux proprement dits débutent le 19 novembre 2002. Ils se poursuivent, par intermittence, pendant l’hiver, pour se terminer en février 2003. Ils sont suivis par une seconde phase, en mars-avril 2004. À chaque fois, il s’agit de petits chantiers ponctuels destinés à la consolidation de maçonneries dégradées. Il faut cependant signaler deux interventions plus importantes : le cerclage de l’ensemble du chœur pour empêcher la dislocation de celui-ci, et le démontage et remontage à l’identique de l’œil-de-bœuf (oculus) de la façade. Ces travaux sont subsidiés à 60 % par le Service de Maintenance de l’Administration du Patrimoine de la Région Wallonne, les 40 % restant étant pris dans le subside global attribué à la fabrique d’église de Vedrin-centre par la Ville de Namur. Entre-temps, une importante initiative est exécutée en août 2003 par quelques bénévoles de l’a.s.b.l: la conception, la réalisation et la mise en place d’une grille (avec cadenas), en remplacement de la clôture provisoire du portail d’entrée. Cette réalisation, qui est un bel ouvrage de ferronnerie, donne un cachet nouveau et attrayant au sanctuaire.
Extrait de l’article « L’EGLISE SAINT-MARTIN DE FRIZET » par André GHEUR (ancien membre fondateur des l’a.s.b.l.), paru dans « Le Guetteur Wallon » N°1 – 2006